Jeudi 30 juillet 1914. Adèle commence le journal qu’elle a reçu pour Noël : un ami auquel elle peut raconter sa vie, confier ses espoirs, ses craintes et ses secrets. Les années passent dans le petit village de Crécy, en Bourgogne, rythmées par les travaux des champs, les nouvelles du front… La guerre tue, mutile les soldats, les campagnes. Adèle grandit et rêve de devenir institutrice dans un monde meilleur.

Quatrième de couverture, édition Folio Junior

Ce livre jeunesse, conseillé à partir de 11 ans, évoque avec force les tourments de cette Grande Guerre et les conséquences terribles sur la population. Du haut de ses 13 ans et demi, Adèle couche sur le papier ses espoirs mais aussi ses peurs les plus profondes. Ce besoin impérieux de parler, de dire ce qui se passe autour d’elle et surtout à l’intérieur d’elle, est renforcé par l’inquiétude grandissante qu’elle peut lire sur le visage de ses parents. Car dans son village de Crécy, la tension monte. Beaucoup pensent que la guerre va éclater.

Cette inquiétude est très lourde et, justement il faut être fort, garder ses soucis pour soi, pour ne pas augmenter l’inquiétude des autres.

Grâce à ces quelques lignes, on peut deviner le caractère d’Adèle : douce, rêveuse, affectueuse, intelligente, cultivée, ambitieuse, courageuse mais au combien attentive au monde qui l’entoure. Ecrire pour soulager ses angoisses, écrire pour avoir moins peur.

Mais lorsque la déclaration de guerre devient officielle, c’est tout le monde de l’enfance qui éclate en mille morceaux. Adèle regarde, impuissante, ses frères Eugène et Paul partir pour le front. Puis vient le tour de son père. Il n’est alors plus question d’école, la terre a besoin de ses bras : saison des labours, des moissons, des vendanges. Les saisons s’enchaînent, la liste des morts pour la patrie s’allonge, les rêves se ternissent.

15 ans aujourd’hui. Et mes espoirs envolés. Ou plutôt cachés comme par un gros nuage. La guerre, c’est le temps de la vie qui s’arrête.

Tout au long de son journal, Adèle n’aura de cesse de décrire les conditions de vie extrême à la ville, à la campagne comme au front. Le froid, la faim, la peur, le manque de sommeil, l’absence de rêves et de rire remplacée par les trop nombreuses larmes versées.

Mais comme le présage l’alouette survolant les cratères de Verdun, le printemps finit par arriver. Un printemps porteur d’espoir, car Adèle en est certaine, cette année 1918 sera l’année de la paix et elle pourra à nouveau entendre les cloches de Crécy carillonner.

Un roman magnifique, tout en finesse et en tendresse. Drapée dans sa dignité, Adèle quittera le monde de l’enfance et de l’innocence mais gardera, tapi au fond du coeur, le fol espoir d’un avenir meilleur.

Je remercie particulièrement mon adorable T. pour m’avoir fait découvrir ce merveilleux Journal d’Adèle. Comme quoi, les enfants ont beaucoup de choses à faire découvrir aux adultes…

Paru aux éditions Gallimard Jeunesse en 2007 pour la présente édition.

 

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